Les thérapies féministes : l’origine
Les thérapies féministes trouvent leur origine dans une action politique collective des années 60, durant la deuxième vague féministe aux États-Unis. Cette période se concentrait sur les questions de sexualité, de la place des femmes au sein de leur foyer, et des violences discriminantes dans les relations hétéronormées (qui mettent en jeu des rôles de genre masculin et féminin scriptés socialement).
Les thérapeutes en formation, les travailleurs sociaux, et les militant·e·s souhaitaient proposer une alternative thérapeutique face à des pratiques dominantes perçues comme maltraitantes et oppressives.
À cette période, les théories psychothérapeutiques traditionnelles attribuaient la souffrance des individus uniquement à des trajectoires personnelles et des aléas de la vie, sans tenir compte du contexte social.
La thérapie féministe, en revanche, met en avant des individus pris dans les dynamiques sociales et notamment patriarcales et capitalistes, et permettent de venir sortir de l’isolement certains vécus. C’est par exemple le cas dans la prise en charge des violences sexuelles, ou la culpabilité, les ressentis de honte peuvent être expliqués au regard de la société.
Les thérapies féministes : le principe
La thérapie féministe intègre les théories féministes dans diverses pratiques thérapeutiques, qu’il s’agisse de d’hypnothérapie, de thérapie cognitivo-comportementale (TCC), etc.
Cette approche vise à sensibiliser et à remettre en question les réalités patriarcales et capitalistes, considérées comme une des causes principales de la détresse humaine et des entraves à la croissance personnelle et au pouvoir individuel, quel que soit le sexe ou le genre de la personne. Ainsi, la thérapie féministe ne se limite pas aux femmes cisgenres ou transgenres ; les personnes non binaires ou intersexes mais aussi les hommes cisgenres qui peuvent également en bénéficier en abordant des souffrances liées aux attentes sociétales souvent en décalage avec leurs identité personnelles.
Dans la thérapie féministe, les comportements ou les souffrances ne sont pas étiquetés ni pathologisés comme des troubles intrinsèques à l’individu, mais sont vus comme des réponses logiques à un environnement. Le stress, la souffrance psychique et certains troubles somatiques sont donc perçus comme des réactions normales à un contexte oppressif.
Il est essentiel que le ou la thérapeute féministe, entreprenne un travail continu de déconstruction personnelle. En effet, étant immergé·e dans une société structurée par les rôles de genre, iel est forcément influencé·e et biaisé·e. Tous les thérapeutes, psychologues, et médecins sont imprégnés par les normes patriarcales, puisque celles-ci constituent le socle culturel et social de notre société. Ces professionnel·le·s ne sont pas isolé·e·s du reste du monde, mais y baignent comme tout le monde.
Ce travail de déconstruction vise à démanteler les récits dominants et leurs normes, en les comprenant non comme des vérités, mais comme des constructions socio-culturelles. L’objectif thérapeutique est de reprendre conscience et pouvoir sur ces récits identitaires pour faire émerger des histoires alternatives, plus en phase avec l’individualité de chaque personne.
La psychothérapie féministe n’est pas une méthode unique ni liée à une approche spécifique. C’est avant tout un regard féministe sur le monde et les relations humaines. Toutes les approches peuvent être employées tant qu’elles favorisent une relation thérapeutique égalitaire entre les client·e·s et les thérapeutes.
C’est bien sûr le cas de la thérapie par l’hypnose.
L’hypnose étant un outil du/ de la thérapeute il dépend donc entièrement de ses orientations théoriques et pratiques.
Dans le cadre de l’approche proposée par Pauline Chaigne, l’hypnose prend donc une forme ou le consentement, la transparence et l’égalité dans le rapport sont les ingrédients premiers de la pratique. Tous les procédés sont explicités en amont, si il y a des contacts ils sont précis, organisés et soumis a la demande explicite. La personne est libre de ressortir quand elle le souhaite et de façon autonome de l’état d’hypnose et les objectifs de la séance sont clairement identifiés avant.
De plus, l’hypnose sera un très bon support pour pouvoir explorer les representations de soi, de son genre et des dynamiques qui y sont liées, puisqu’elle permet de se connecter à une part plus émotionnelle, moins mentale de son identité.
En résumé
Les thérapeutes féministes instaurent des relations thérapeutiques égalitaires, où le/la patient·e décide de ses objectifs et est accompagné·e par le/la praticien·ne. Voici quelques attentes non exhaustives des praticiennes :
- Prise de conscience des systèmes d’oppression
- Approche informée sur les traumatismes
- Pratique horizontale et égalitaire
- Accompagnement de tous les corps
- Culture du consentement
- Respect des origines culturelles des pratiques utilisées
Podcasts à écouter :
https://www.arteradio.com/son/61686022/inventer_une_therapie_feministe
https://www.cvfe.be/publications/analyses/169-therapie-feministe-et-politisation-de-la-sante